WÄ…tki
 
[ Pobierz całość w formacie PDF ]

minute.
162
13
Marcel Bruckmann au professeur
Schultze, Stahlstadt
« France-Ville, 14 septembre.
« Il me paraît convenable d informer le Roi de l Acier que
j ai passé fort heureusement, avant-hier soir, la frontière de
ses possessions, préférant mon salut à celui du modèle du
canon Schultze.
« En vous présentant mes adieux, je manquerais à tous
mes devoirs, si je ne vous faisais pas connaître, à mon tour,
mes secrets; mais, soyez tranquille, vous n en paierez pas la
connaissance de votre vie.
« Je ne m appelle pas Schwartz, et je ne suis pas suisse. Je
suis alsacien. Mon nom est Marcel Bruckmann. Je suis un
ingénieur passable, s il faut vous en croire, mais, avant tout,
je suis français. Vous vous êtes fait l ennemi implacable de
mon pays, de mes amis, de ma famille. Vous nourrissiez
d odieux projets contre tout ce que j aime. J ai tout osé, j ai
tout fait pour les connaître! Je ferai tout pour les déjouer.
« Je m empresse de vous faire savoir que votre premier
coup n a pas porté, que votre but, grâce à Dieu, n a pas été
atteint, et qu il ne pouvait pas l être! Votre canon n en est pas
moins un canon archi-merveilleux, mais les projectiles qu il
lance sous une telle charge de poudre, et ceux qu il pourrait
163
lancer, ne feront de mal à personne! Ils ne tomberont jamais
nulle part. Je l avais pressenti, et c est aujourd hui, à votre
plus grande gloire, un fait acquis, que Herr Schultze a inventé
un canon terrible... entièrement inoffensif.
« C est donc avec plaisir que vous apprendrez que nous
avons vu votre obus trop perfectionné passer hier soir, à onze
heures quarante-cinq minutes et quatre secondes, au-dessus
de notre ville. Il se dirigeait vers l ouest, circulant dans le
vide, et il continuera à graviter ainsi jusqu à la fin des siècles.
Un projectile, animé d une vitesse initiale vingt fois
supérieure à la vitesse actuelle, soit dix mille mètres à la
seconde, ne peut plus  tomber ! Son mouvement de
translation, combiné avec l attraction terrestre, en fait un
mobile destiné à toujours circuler autour de notre globe.
« Vous auriez dû ne pas l ignorer.
« J espère, en outre, que le canon de la Tour du Taureau
est absolument détérioré par ce premier essai; mais ce n est
pas payer trop cher, deux cent mille dollars, l agrément
d avoir doté le monde planétaire d un nouvel astre, et la
Terre d un second satellite.
« Marcel BRUCKMANN. »
Un exprès partit immédiatement de France-Ville pour
Stahlstadt. On pardonnera à Marcel de n avoir pu se refuser
la satisfaction gouailleuse de faire parvenir sans délai cette
lettre à Herr Schultze.
Marcel avait en effet raison lorsqu il disait que le fameux
obus, animé de cette vitesse et circulant au-delà de la couche
atmosphérique, ne tomberait plus sur la surface de la terre, 
raison aussi quant il espérait que, sous cette énorme charge
164
de pyroxyle, le canon de la Tour du Taureau devait être hors
d usage.
Ce fut une rude déconvenue pour Herr Schultze, un échec
terrible à son indomptable amour-propre, que la réception de
cette lettre. En la lisant, il devint livide, et, après l avoir lue,
sa tête tomba sur sa poitrine comme s il avait reçu un coup de
massue. Il ne sortit de cet état de prostration qu au bout d un
quart d heure, mais par quelle colère! Arminius et Sigimer
seuls auraient pu dire ce qu en furent les éclats!
Cependant, Herr Schultze n était pas homme à s avouer
vaincu. C est une lutte sans merci qui allait s engager entre
lui et Marcel. Ne lui restait-il pas ses obus chargés d acide
carbonique liquide, que des canons moins puissants, mais
plus pratiques, pourraient lancer à courte distance?
Apaisé par un effort soudain, le Roi de l Acier était rentré
dans son cabinet et avait repris son travail.
Il était clair que France-Ville, plus menacée que jamais,
ne devait rien négliger pour se mettre en état de défense.
165
14
Branle-bas de combat
Si le danger n était plus imminent, il était toujours grave.
Marcel fit connaître au docteur Sarrasin et à ses amis tout ce
qu il savait des préparatifs de Herr Schultze et de ses engins
de destruction. Dès le lendemain, le Conseil de défense,
auquel il prit part, s occupa de discuter un plan de résistance
et d en préparer l exécution.
En tout ceci, Marcel fut bien secondé par Octave, qu il
trouva moralement changé et bien à son avantage.
Quelles furent les résolutions prises? Personne n en sut le
détail. Les principes généraux furent seuls systématiquement
communiqués à la presse et répandus dans le public. Il n était
pas malaisé d y reconnaître la main pratique de Marcel.
« Dans toute défense, se disait-on par la ville, la grande
affaire est de bien connaître les forces de l ennemi et
d adapter le système de résistance à ces forces mêmes. Sans
doute, les canons de Herr Schultze sont formidables. Mieux
vaut pourtant avoir en face de soi ces canons, dont on sait le
nombre, le calibre, la portée et les effets, que d avoir à lutter [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • bialaorchidea.pev.pl
  •  
    Copyright © 2006 MySite. Designed by Web Page Templates